Depuis sa fondation, en 2001, AUPADRE s’exprime sur l’enjeu d’intérêt général que revêt l’accès de tous aux transports en commun. Ses membres sont frappés par la faiblesse de raisonnement qui préside aux grands choix de société. Aussi, tandis que des débats s’ouvrent enfin, souhaite-t-elle faire réfléchir sur le coût social engendré par de mauvais choix :
- A-t-on réellement évalué le coût transféré à terme à la sécurité sociale qu’engendrent de mauvaises conditions de transport ? Que peuvent produire 25 à 30 ans de trajets de plusieurs heures, lorsqu’on ne peut s’assoir, lorsqu’on est ballottés sur des travées ou des sièges inconfortables, quand les rames sont isolées d’amiante, lorsqu’on court, lorsqu’on patiente dans des gares battues aux 4 vents, sans abri, sans hygiène, sans information, etc. ?
- Quel est l’impact de quais ou d’abords des gares mal entretenus, combien d’entorses de foulures ou de chutes ont-ils générés ?
- Quel est, à terme le coût du stress répété à ne pas pouvoir prévenir employeurs, collaborateurs ou proches, faute d’une information décente en cas de dysfonctionnement ? quel est l’impact ?
- Combien ont ainsi perdu leur emploi, ou n’ont pas vu leur contrat renouvelé, en raison de ces dysfonctionnements répétés ? Combien se sont-ils-vus refuser dès l’amont l’accès à l’emploi par des employeurs rendus méfiants vis-à-vis de l’éloignement, faute d’un service régulier ?
- Combien sont ces jeunes parents à qui leur garde d’enfants a annoncé qu’elle ne pouvait plus continuer, tant les retours sont aléatoires et impossibles à anticiper par des communications sur les délais précises ?
- Qui sont ces étudiants décrocheurs qui ont fini par renoncer, faute de transport en milieu de journée, susceptibles de les accompagner pour les 2 heures de cours qu’on leur offre ? Comment la Nation peut elle accepter de voir ainsi réduit à néant son investissement ?
- Comment se porteront à 70 ans ces gens qui se retiennent de boire 2 heures avant leurs trajets, matins et soir, de peur d’être bloqués dans des rames sans toilettes ? et qui paiera ces incidences de long terme ?
- Nos séniors, nos plus faibles, doivent ils renoncer aux soins, faute de transports pour se rendre aux consultations nécessaires ? ce déficit de transport a-t-il des incidences sur la prévention au point qu’il est trop tard quand ils se décident à consulter ?
- Quelles sont ces familles modestes qui ne peuvent plus honorer les frais de trajet auxquels s’ajoutent maintenant des stationnements payants ? S’orientent-t-elles vers un travail ou des études de proximité, moins choisis, moins épanouissants, moins pérennes ? Ces choix sont-ils vecteurs de chômage récurrent ?
- Quel est le réel coût environnemental de ces trajets individuels vers les emplois et les études faute de transports en commun et faute d’avoir pris en compte l’expansion démographique de la grande périphérie urbaine ?
Comme elle a eu l’occasion de l’évoquer avec plusieurs parlementaires, AUPADRE souhaite donc qu’au moment des grands choix budgétaires, la logique gestionnaire de très court terme, souvent emprunte d’une volonté d’économie immédiate, soit abandonnée au bénéfice d’une véritable étude d’impact.
Il est essentiel pour l’avenir de la cité que soient prises en compte toutes ces incidences financières. Investir dans les transports en commun revêt un enjeu social considérable en termes économiques, sanitaires, environnementaux, pour ne pas générer une population à deux vitesses, pour lutter contre la désertification rurale et prendre en considération avec équité tous les citoyens de la République.
Rappelons-le, ces habitants contribuent autant que les autres à l’effort national par leur travail et leurs impôts, leurs taxes ou leur consommation. Ils attendent donc que le service public soit de même nature que dans les plus grandes villes ou leur permette de les rejoindre décemment.
Bonjour
J’adhère, avec Agnès, très volontiers à ce texte sur le coût social des transports. Mais j’ajoute que nos instances politiques institutionnelles et patronales manquent et d’imagination et de courage pour traiter ces questions dont une partie des réponses passe par le télétravail et l’accroissement des horaires d’amplitude d’embauche et de débauche. Des études sérieuses, elles ne manques pas, font apparaître que décaler d’une demi-heure les plages horaires de prise de fonction le matin et d’autant le soir permettrait de soulager sérieusement la sous capacité d’accueil dans les trains aux heures d’affluence. Si l’on ajoute une possibilité de télétravail d’un ou deux jours par semaine, le confort de tous s’en ressentirait fortement. Mais pour ce faire, encore faudrait-il que la SNCF porte de telles propositions , que les politiques soient un peu plus courageux et que le CNPF un peu plus audacieux et un peu plus progressiste, d’autant que toutes les expériences tentées sont positives tant sur la productivité que sur la disponibilité des salariés aux tâches qui leurs sont confiées.
Voilà pour l’essentiel, le reste est dans le texte.
Alain RICHARD et Agnès BAULE