Comment évoquer sur le site de consultation d’IDFM la déshérence de la population du fond des Yvelines exclusivement desservie vers Paris par une ligne de train nommée N, terriblement malthusienne, notamment entre Plaisir grignon et Dreux ?
Il faut reconnaître que la rareté du service, la multiplicité des travaux de fin de journée, les ruptures électriques, les dysfonctionnements de passages à niveaux ou d’aiguillage et les manquements répétés à la régularité de service ont entrainé un abandon des transports en commun par les plus aisés, des pertes d’emploi et de l’épuisement pour les plus petites CSP* qui passent parfois 4 heures de leur vie par jour pour rallier leurs emplois.
Il faut avouer que les étudiants les moins riches qui ne peuvent pas trouver aisément à se loger finissent par abandonner leurs études.
Il faut mesurer que cette population paie aussi des impôts, mais n’obtient plus le service en retour.
Il faut assumer que cette offre de transport dite « publique » confine à la perte de chance et à la relégation dans des territoires sans avenir.
Les enjeux pour les habitants sont multiples : accès au travail, accès aux études, aux soins, à la culture, aux proches.
Les enjeux pour les entreprises qui restent à proximité sont énormes, pénalisées par les difficultés de recrutement et des abandons de poste, tant ces migrations pendulaires sont lourdes.
Les enjeux pour les élus de proximité sont considérables, qui peinent à entretenir ce tissu économique et voient grossir la fréquentation de leurs bureaux de l’emploi, de leur Mission Locale, de leur CCAS, quand il ne reste plus que la solidarité pour pallier l’insuffisance d’un service digne de ce nom.
Et que dire aussi du coût sur la sécurité sociale que font peser 20 ans d’aller et retours, à raison de 3 à 4 heures par jour, dans des trains si peu nombreux qu’il n’est plus possible de s’y asseoir correctement en heure de pointe. Entre le stress des retards et des suppressions et l’ampleur des TMS*, combien coûte à la collectivité cette faiblesse des ambitions ?
Comment ne pas écouter le profond sentiment que ressent la population au regard de cette relégation ?
Comment peut-on accepter de ne pas répondre à ce point aux enjeux écologiques auxquels ces transports doivent répondre ?
Face à cette médiocrité, et au redoutable sous-dimensionnement de l’offre de transport en commun aujourd’hui dans ces territoires périphériques si peu desservis, Aupadre plaide pour un programme ambitieux, porteur d’espoir pour ses habitants, ses jeunes et son avenir.
Il appartient à la collectivité publique de prendre en compte l’expansion démographique et non plus le seul taux de fréquentation actuel de la ligne qui n’atteste que du renoncement des populations les moins captives.
Il importe qu’elle s’oriente vers un désenclavement réel, à la hauteur des besoins :
– ce désenclavement passe par le nécessaire respect par les opérateurs de transport des horaires annoncés et par le respect des travailleurs qui finissent si tard qu’il n’y a plus d’offre pour eux, comme par la reconnaissance qu’il peut exister une vie le week-end ;
– il passe par la recherche de solutions de transports alternatives à l’unicité d’une ligne, par des trajectoires transversales aujourd’hui inexistantes, par une multimodalité qui ne soit pas qu’incantatoire ou pure caution du fait de son insuffisance ;
– il appelle des choix ambitieux pour rallier les petites communes les plus éloignées des gares (transport à la demande hors des lignes usuelles et dans des plages horaires compatibles avec les besoins, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, taxis collectifs, multiplication des lignes douces et sécurisation des parcs matériels aux alentours des gares, gratuité des stationnements pour inciter à renoncer aux véhicules personnels, accroissement drastique des fréquences des trains et des flux)…
– il requiert un travail étroit avec les entreprises et les collectivités locales, travail qui n’existe plus aujourd’hui, pour explorer les solutions innovantes et réellement adaptées aux réalités locales et rechercher si nécessaire les co-financement ;
– Il nécessite du courage politique en pénalisant enfin, y compris financièrement, l’usage des véhicules personnels, polluant, dès lors que cette offre sera suffisante.
Aupadre appelle ainsi l’attention des collectivités décideuses pour faire en sorte que cesse cette relégation trop longtemps à l’œuvre. Celle qui conduit non seulement à un sentiment d’abandon mais aussi à occuper des ronds-points, ce sentiment diffus mais profond qui conduit à vouloir faire confiance à d’autres orientations politiques que celles qui ont été à la manœuvre durant des décennies et les ont oubliés.
Aupadre en appelle ainsi à cette consultation pour prendre enfin en compte les besoins au réel : SITE DE CONSULTATION D’IDFM